La naissance de cette ville remonte à une époque encore mal connue. C'est aproximativement au VII-ème siècle avant Jésus Christ que commence ici l'arrivée de navigateurs grecs. La colonie s'appellera Istros et enfin Histria sous les Romains. Un siècle plus tard, c'est au tour de Callatis de voir le jour- aujourd'hui, une station réputée de la Mer Noire, proche de la frontière avec la Bulgarie, Mangalia. Entre les deux, la légende raconte qu'une déesse grecque a donné le sang de l'un de ses fils, Tomis, qu'elle sacrifia sur les fondations de la ville du même nom. À présent, Constanta est la fleur du littoral roumain et le plus grand port du pays. Ces deux colonies ont prospéré, mais la première a sombré dans l'oubli, sauf pour les historiens qui sont bien conscients que Histria n'a pas encore livré tous ses secrets. Un petit morceau de Grèce somnole ici, on a déjà rassemblé quelques découvertes dans un merveilleux musée et les recherches continuent.
Les Grecs avaient bien compris que la Mer Noire ferait la richesse de cette région: blé, poisson et bois ne manquaient pas. Très vite, on crée la première monnaie, copie des pièces grecques. La nouvelle colonie entretient des relations très fortes avec les grandes villes grecques du sud, surtout avec Milet, Rhodos et Samos, Clazomene, Comith et Athena.
Les vestiges nous prouvent que cette civilisation vivait dans un certain luxe, des objets de valeur très raffinés ont été mis à jour et confiés aux musées d'Histria et Constanta. On retrouve aussi dans les ruines les traces d'un théatre.
La prospérite de Histria commencera à décliner au III-ème siècle: un barrage d'alluvions oblige la fermeture du golfe Sinoe et isole la colonie. Dans les premières decennies du VII-ème siècle, Histria ne peut résister aux attaques des barbares. Premièrement, à celles des Huns, et ensuite dans la deuxième moitié du quatrième siècle, suivent les attaques des avares et des Slaves. Après treize siècles d'existence prend fin l'histoire de la cité de Histria. Le bruit de la mer a définitivement recouvert ses rives, les cris de ses marchands et la vie-même de la vieille cité. Elle a en effet été désertée par ses habitants, qui entameront une autre vie pas loin des anciennes fondations. Les maisons et le cimetière découverts à environ 600m de l'actuel village Histria le prouvent bien.
Commencés en 1914 et dirigés par le savant roumain Vasile Parvan, les travaux archéologiques à Histria ont continué sans interruption sauf durant les deux guerres mondiales. Les résultats des recherches archéologiques (des inscriptions, fragments de sculptures, céramique de luxe, des recipients en verre et monnaies, des conductes en pierre et amphores) ont trouvé leur place dans le Musée de la cité de Histria, qui se trouve à droite sur la chaussée d'acces dans la cité.
En dehors des rares visiteurs qui osent s'aventurer dans la solitude des ruines, les serpents semblent être l'unique présence parmi les pierres.
La muraille de l'extérieur avec les trois dunes de terre entre lesquelles se trouvaient des fosses pleines d'eau protégeaient autrefois la ville. La mur entoure la cité, la partie ouest étant la mieux consolidée avec trois grandes tours, cinq bastions et deux portes. D'ailleurs, ce mur est la plus ancienne ligne fortifiée, qui entoure la plus grande surface habitée à cette époque. (environ 35 ha).
Au milieu de la partie ouest se trouve la grande porte de la cité. Derrière la porte, on voit la plus grande place de la ville, en forme trapézoïdale, pavé en pierre, autour de laquelle se trouvent des bâtiments publics et privés. À l'est, devant la porte d'entrée, on aperçoit les fondations très bien conservées d'une église chrétienne, qui était encore en activité au milieu du VI-ème siècle. Vers le sud, la place est délimitée par une très grande basilique. Après la basilique, le visiteur se promène sur une rue bien pavée, orientée nord-sud, qui conduit vers les thermes. Cette rue traversait au cours du V-VI-ème siècle l'un des plus luxueux quartiers de Histia dans la dernière période de son histoire. La rue continue vers le sud, ayant à droite et à gauche deux monuments très intéressants: une basilique en forme rectangulaire et un édifice commercial, qui a fonctionné comme une foire. L'édifice, formé par une chambre oblongue et une série de boxes pour la commercialisation des différents produits, fonctionnait dans le VI-ème siècle dans la même forme. Ces deux bâtiments délimitent une place elle aussi pavée et entourée par des colonnes au-dessus desquelles s'élevaient au passé la colonne d'un portique.
Vers le sud se trouvent les thermes romains. Dans la partie Nord il y a les salles d'accès et de divertissement du public et au sud les pièces faisant office de thermes. Aussi au sud, il y avaient les accessoires: les fours et les sorties de canalisation. Derrière les hermes, on se promène dans le quartier économique. Les édifices ont été utilisés soit comme ateliers (les archéologues ont identifié un atelier métallurgique et une boulangerie), soit comme grands dépositaires de grains dans des récipients géants. À l'est du quartier commercial s'ouvre une rue pavée en pierre destinée seulement aux piétons et qui finit avec un quartier de bâtiments publics et privés. Une autre rue, aussi pavée conduit le visiteur vers la zone des monuments sacrés. Parmi d'autres, on y trouve deux temples de Zeus et d'Aphrodite. Le visiteur passe puis au long des maisons romaines près du mur extérieur et devant la petite tour de la cité. Sur le mur un escalier au marches de pierres qui conduisent vers la tour est encore intact. À ce point finit la visite du promeneur dans la cité de Histria, aujourd'hui ruines, autrefois habitée et vivante.
Les deux itinéraires les plus connus par où on arrive à Histria suivent les routes Constanta-Tulcea et Mamaia-Navodari-Corbu-Sacele-Le lac Nuntasi. Le premier des itinéraires suit le fil de la route jusqu'au village de Tariverde. Au bout du village, à droite se ramifie la chaussée qui mène à la cité et après 15 km, en passant par le village de Nuntasi, au bord du lac du même nom, on arrive aux ruines. Étant prés de Constanta et de Mamaia, on ne trouve pas d'hôtels dans la région. Mais entre deux bains de soleil sur le littoral, vous pouvez choisir quelques heures de romantisme et nostalgie en vous promenant parmi les ruines d'une cité disparue.